Tu fixes placidement le plafond comme si celui-ci se prépare à éjecter d’entre ses poutrelles la solution à tes choix merdiques et plus que discutables. Ça va faire plus de 20 minutes qu’il tambourine à la porte métallique du hangar. C’est un acouphène plus qu’irritable. Au point qu’à chaque coup qui résonne dans le corps de ferraille de ton logement ton cœur sursaute comme une bombe prête à exploser.
— « MANNN FAIS LE TAIRE BORDEL !! » —
Roulant des yeux tu te dis quand même qu’elle n’a pas tord. Huit heures sur le réveille et ça va vite te gonfler. Tu te lèves alors brusquement de ton fauteuil de ministre, contourne le bureau et part vers les robinets du Rez de chaussé. Un branchement rapide avec le tuyau d’eau et tu reviens sur tes pas pour t’élancer vers l’entrée rapidement.
— « WEISSSS SALE PPPPPUUUU****** RETIRE-MOI CES MERDES !!! » —
Évidement les mauvais payeurs sont toujours vindicatifs, c’est ce qui fait leur charmes dirons-nous. Il s’acharne sur la porte comme s’il allait la défoncer sous tes yeux. Comment expliquer ce qu’il arrive simplement ? Et bien alors, chez toi, les mauvais payeurs, les gens qui ne font pas l’échange équivalent de ton travail contre de l’argent. Se voit affubler d’un sexe d’homme à la place de leur tatouage. Car souvent ce sont des hommes qui viennent se faire tatouer chez toi. C’est moins cher que la concurrence et t’es plus arrangeante envers certaines créatures. Ici un loup, qui voulait si tu t’en souviens bien, une goutte sous l’œil, une manchette de crânes et d’os entremêlés. Résultat des courses il a voulu te la faire à l’envers, il s’est retrouvé avec une forêt de pénis sur l’avant-bras et une petite trompe sous l’œil. Après tout il l’a cherché ! Il c’est tiré sans payer la totalité de sa commande. Tu n’es pas mère Thérésa. Ouvrant le petit juda sur la porte tu souris en voyant son visage affublé d’un membre en érection sous son œil droit.
— « Tony, tu sais que c’est très très très agaçant de taper et gueuler devant ma p…. » —
Tu n’as absolument pas le temps de finir ta phrase qu’il essaie, pathétiquement, de passer son bras par la petite ouverture pour … T’attraper ? Un rictus carnassier s’installe sur ton visage. C’est presque amusant de voir la détresse des autres dans un dernier élan de courage et de désespoir que tout s’arrange par la violence.
— « tu vas finir par te faire mal Tony chou…. Ce serait con de finir avec un bras en moins et garder celui avec une pléiade de bite comme seule soutient… » —
Les jurons, les noms d’oiseaux, et les menaces fusent dans tout l’entrepôt. Une présence familière dans ton dos tu tournes un peu la tête et vois ta fille sur les marches menant au coin habitable, assise, avec un bol de céréales comme pour regarder un spectacle.
— « on sort de table Lexie…. Tu manges encore ? »—
Comment ça il y a plus important ? Par ce que vous croyez sincèrement qu’il va pouvoir passer les portes du hangar avec sa force de chaton ? Ton père en à fait une vraie forteresse. Personne l’y reprendra deux fois. Personne ne touchera sa famille une seconde fois. Personne ne rentre sans son accord. Clairement agacée tu pointes alors le jet d’eau dans l’ouverture et l’affuble d’un violent jet d’eau chaude. Directement dans le visage pour lui calmer les idées. Celui-ci reculant en arrière hurle, de douleur ou de rage tu ne fais plus trop la différence. Un calme plat, levant un sourcil tu attends qu’il se montre, qu’il reparte à la charge. Bingo il est encore plus enragé. Celui-ci commence alors à foncer sur la porte. Donner des coups de poings et des coups de griffes.
— « fait chier je venais juste de laver la devanture …. Lexie chérie tu veux bien aller allumer la sécurité électrique ? » —
Tu la regardes alors, celle-ci les joues pleines de céréales. Tu grimaces un peu, comment peut-elle manger cette tonnes de nourriture sans être malade. C’est un gouffre sur pattes celle-là. Un instant pour déglutir et elle pose alors son bol sur les marches et descend vers ton bureau pour lever la manette. Une manette qui déclenche alors un vif et intense courant sur les tôles extérieures de la bâtisses. Le bruit du courant traverse l’entièreté des murs et subitement plus rien. Plus un chat, plus une mouche. Plus un bruit.
— « remonte, je vais vérifier mon chat » —
Ce n’était pas une suggestion mais une directive. Tu lâches alors le tuyau pour t’approcher de la porte, saisir la carabine. Tu attends que le courant diminue et disparait avant de lever le loquet de sécurité. Lentement mais surement tu ouvres avec le pied arme au joug pour un tire rapide. Mais en ouvrant rien. Rien qu’un corps avec des soubresauts allongé sur le sol. Un soupir de soulagement s’empare de toi. Il a eu son compte, rassurez-vous il n’est pas mort. Juste sonné. Mais ce qui attire ton attention, c’est plus le corps sur ses jambes à côté de lui.
— « Emma !!! T’es folle qu’est-ce que tu fais là ? T’es la depuis longtemps ? » —
Tu ne cherches pas son consentement et lui attrape la main pour la tirer vers l’intérieur.
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